2 de febrero de 2007

Trois Pièces

Je n’oublierais jamais sa tête. Assis contre la fenêtre d’un métro vide des dimanches après-midi, le vieil homme avait l’air si malheureux. Tout couvert d’haillons en guise de vêtements avec un grand sac vert que l’usage du temps avait rendu presque gris, je le voyais conter et recompter dans ses mains sales trois pièces, qui devaient être sans doute la maigre bourse de sa dure journée de travail.

Je le regardais et j’essayais d’imaginer sa vie. Sans doute il devait passer toute la journée assis au même endroit et le soir venu il cherchait une place sous quelque toit ou étendre son corps trop meurtri par la dureté de sa vie. Je me disais que j’avais bien de la chance et pensait combien nos souffrances sont minces comparées à d’autres.

Et juste a ce moment une petite fille apparue dans le wagon. Elle était toute sale et mal vêtue et de sa petite main elle demandait quelques sous pour manger. Habitué à tel spectacle qu’est la pauvreté dans nos grandes villes les passagers se retournaient et semblaient faire comme si de rien n’était chaque fois qu’elle s’approchait d’eux. Arrivé devant le vieux mendiant celui-ci la regarda d’un air tendre et d’une voix forte il lui dit : -Combien veut tu ma petite ? Et en disant cela il glissa avec un grand sourire dans la main innocente de cet enfant toute sa fortune de trois pièces.

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