24 de enero de 2007

Roman?

1.

Les rayons de soleil matinal éclairaient le mur de la chambre d’Augustin. Penché sur le berceau Isabelle contemplait d’un regard émue cette petite vie qui dormait d’un air angélique sans ce soucier de rien. Une mélancolie soudaine rempli son âme, cela lui arrivait toujours au début de l’hiver. Elle avait du mal à adapter son corps et son cœur à cette saison de l’année ou la vie fait une parenthèse et semble se cacher dans les endroits les plus éloignes, comme si une subite pudeur s’emparait d’elle. Isabelle se sentait, depuis la naissance d’Augustin, aussi fragile que ces arbres qui ont perdu leurs feuilles et qui dévoilent tout à coup la fragilité de leurs branches.
Isabelle était très belle. Pas très grande, de taille menue, tout en elle rappelait la fragilité. Ses yeux verts reflétaient la profondeur et la pureté de toute son âme. Ses cheveux blonds rappelaient les champs en blés à l’époque des moissons.

-Je devrais me remettre à travailler-, pensait, mais en même temps elle ne pouvait détacher son regard d’Augustin. Il semblait si fragile, tellement dépendant et en même temps tellement insouciant.

Le téléphone sonna. C’était Henri, son mari, pour la prévenir qu’il devrait s’absenter une semaine, travail oblige. Henri était un scientifique et Isabelle n’avait vraiment jamais compris en quoi il travaillait. Au début, elle avait essayée de comprendre, mais elle se rendit bientôt à l’évidence que cela la dépassait. Alors pour ne pas lui faire de la peine, quand il lui parlait de ses recherches, elle l’écoutait attentivement, mais son imagination était ailleurs. De temps en temps elle écoutait des mots qui ne voulaient rien dire pour elle et imaginait que les « cellules embryonnaires tripartites » étaient des monstres sortis des profondeurs de l’Antiquité grecque.
Elle retourna près du berceau. Augustin dormait toujours. Sans savoir pourquoi des grosses larmes commencèrent à couler le long de ses joues. Elle se sentait seule, terriblement seule.

***

Dans le laboratoire Henri achevait de prendre les dossiers nécessaires pour son voyage. Après tant d’années de recherche il sentait qu’il arrivait enfin au but. Une fébrile agitation secouait, presque convulsivement, tout son corps. Très grand et maigre, lorsqu’il marchait il faisait penser à une feuille de papier qui se plie sous la force du vent. Il portait des grandes lunettes qui voilaient des yeux d’une couleur indéfinissable.

Les choses s’étaient enchainées à une vitesse incroyable.

Hier, tard dans la soirée, il avait finalement réussi à isoler le dernier chromosome nécessaire et, avant qu’il ait eu le temps d’annoncer cette bonne nouvelle, il avait reçu un appel du Grand Maitre lui disant de se rendre sur le champ à la Citadelle. Une séance extraordinaire venait d’être convoquée d’urgence.

Il allait enfin pouvoir leur démontrer qu’il ne s’était pas trompé et il imaginait la tète de Hewkins lorsqu’il annoncerait sa découverte devant tout le monde. Il s’en réjouissait déjà.

Il jeta un dernier coup d’œil autour de lui, tout semblait être en ordre. Il avait téléphone à sa femme en prétextant un vague voyage, car elle ne connaissait pas ses activités au sein de la Nouvelle Inquisition.

Il aurait aimé lui en parler, car Henri aimait tendrement sa femme, mais ses supérieurs le lui avait formellement interdit, car le salut du monde ne peut dépendre du silence d’une femme. Au début cela l’avait choqué et il avait failli laisser tomber l’Association, comme ils l’appelaient couramment. Mais il y avait eu cette proposition d’occuper un poste de chercheur et il avait accepté pour les siens. Cela lui donnait bonne conscience, car il se disait qu’il travaillait pour eux. Petit à petit il avait été amené à travailler chaque fois plus et il voyait de moins en moins sa femme et son enfant.

Dans la voiture, en route vers la Citadelle, Henri souriait en pensant combien il avait été naïf de croire qu’Isabelle aurait pu comprendre les grands dessins pour lesquels il travaillait. Sa femme était une âme simple et en dehors de ses pinceaux et de sa peinture elle ne comprenait pas grande chose. Henri lui parlait de temps en temps de ce qu’il avait le droit de révéler de son travail et il se rendait bien compte qu’elle ne comprenait rien. Mais elle prenait plaisir à l’écouter et lui il faisait comme si ne rien était.

***

Dans son monastère, le père Georges venait d’éteindre les bougies. Les matines étaient finies et il rejoignait doucement sa cellule.

Il avait du mal à marcher et ses vieux os pesaient lourd à chaque pas. Comme un Christ qui porte sa Croix il pensait aux temps anciens quand le monastère était rempli d’autres moines. Aujourd’hui il était tout seul et il pliait sous le poids de sa grande barde blanche et de la souffrance qu’il endurait depuis de nombreuses années.

Le décret mondial qui avait instauré la Nouvelle Croyance de l’Humanité, avait supprimé toutes les religions, en épargnant que quelques congrégations, pour prouver au monde l’ouverture d’esprit et la tolérance qui animait une telle décision. Le père Jean venait de mourir et le père Georges était le dernier moine de France. Il pensait avec douleur au lendemain quand lui aussi il viendrait à s’éteindre et ne pouvait que remettre entre les mains du Seigneur le futur de son monastère.

Il se rappelait à chaque instant de la journée cette belle phrase de l’Evangile qui dit les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle et il espérait.

Il n’avait pas le droit de dire la messe en public, car affirmer l’existence de Dieu était un délit pénal sévèrement puni. On était libre de croire à condition que cela ne dépasse pas notre fort intérieur. La seule manifestation extérieure de la foi, dans l’ancien monde chrétien était son monastère, car on avait même retiré les croix et les images religieuses de toutes les églises, sous prétexte qu’elles incitaient à la discrimination et aux messages anti-humanitaires.
Aussi la première mesure du nouveau gouvernement mondial avait été d’interdire l’alcool, pour des raisons de salubrité publique et sous prétexte qu’il incitait à débauche. Le père Georges était trop vieux pour fabriquer lui-même son vin, mais il avait réussi à cacher une bouteille pour dire sa messe

Et lorsqu’il consacrait ses mains tremblaient d’émotion en pensant que le seul endroit de France ou le Christ était présent dans la présence réelle de l’eucharistie était son monastère.
Satan s’était déchainé contre l’Eglise et le monde recevait avec acclamations son Prince.

***

Dans le bar de la Word Gouvernamental Organisation, dressé au sommet d’un colosse de verre et d’acier aux cent cinquante et unième étages de l’immeuble de l’Organisation, deux personnes discutaient assises dans des confortables fauteuils en cuir rouge.

Le docteur Hopkins, petit personnage au crane rasé à la voix nasillarde et avec des immenses yeux bleus qui donnaient l’impression de vouloir s’échapper de leurs globules, proposa un verre de whisky à son interlocuteur.

-Mais je pensais que la consommation d’alcool était interdite- lui répondit Henri, car la personne qui se trouvait à ces cotes n’était autre que notre chercheur.

-Cher Henri, il a des choses que je vais devoir vous expliquer. Certes, l’alcool est dangereux pour le peuple, car il éveil en lui les pires instincts et lui fait commettre les pires crimes, mais nous nous sommes au delà de ça. C’est pourquoi l’alcool est interdit partout, sauf dans notre bar car, les prohibitions ne sont pas pour les chefs qui mènent les destins de l’humanité toute entière, sinon que les prohibitions sont faites pour le peuple. Et si vous avez été appelle aujourd’hui c’est bien parce que le Grand Maitre veut faire de vous un chef. Alors acceptez-vous ce verre ?

-Volontiers, répondit Henri. –Vous savez exactement pourquoi j’ai été appelle ?

-Je le sais, mais je ne peux rien vous dire de plus pour le moment. Souvenez-vous de notre devise : les yeux vous seront ouverts au moment indiqué. Or le moment n’est ni maintenant, ni ici devant ce verre de bon whisky. Salut !

-Salut ! répondit Henri tout en buvant de son verre et en sentait une énorme allégresse l’envahir. C’était donc bien ce qui pensait. On l’appelait pour lui proposer un avancement et cela sans que personne ne sache rien encore de sa découverte. Quand ils le sauraient ! Il pourrait finalement acheter la belle maison qu’il rêvait depuis longtemps avec Isabelle. Perdu dans ces pensés il n’écoutait pas son interlocuteur qui continuait de parler tout seul.

-C’est ainsi donc qu’une nouvelle révolution est en marche. Les nouvelles lois sont déjà en cours d’exécution et elles seront publiées dans une semaine. Nous profiterons de la finale de la coupe du monde de football pour éviter la répercussion dans la presse, car même si nous avons réussi à maitre main sur presque toutes les sources d’information, vous devez savoir qu’ils restent deux ou trois franc tireurs qui pourrait avec leurs commentaires éveiller l’esprit endormis des gens.

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